L’Empire achéménide (Vieux-persan: Hakhāmanishiya), est le premier des Empires perses à régner sur une grande partie du Moyen-Orient. Il s'étend alors au nord et à l'ouest en Asie Mineure, en Thrace et sur la plupart des régions côtières de la mer Noire ; à l'est jusqu'en Afghanistan et sur une partie du Pakistan actuels, et au sud et au sud-ouest sur l'actuel Iraq, sur la Syrie, l'Égypte, le nord de l'Arabie saoudite, la Jordanie, Israël, le Liban et jusqu'au nord de la Libye.
Le nom « Achéménide » se rapporte au clan fondateur qui se libère vers 556 av. J.-C. de l’État des Mèdes, auparavant son suzerain ; ainsi qu'au grand empire qui résulte de la fusion des deux ensembles. L'empire fondé par les Achéménides menace par deux fois la Grèce antique, conquiert l’Égypte et prend fin, conquis par Alexandre le Grand, en 330 av. J.-C.
Une des spécificités des Achéménides est de n'avoir laissé que peu de témoignages écrits de leur propre histoire (à la différence des rois assyriens par exemple) : ceux-ci sont essentiellement constitués d'archives administratives, satrapiques ou royales, dans lesquelles étaient reportées les décisions les plus importantes (mouvements de terre, documents fiscaux). C'est plutôt grâce aux écrits de leurs sujets et de leurs ennemis qu'on connaît l'histoire achéménide, notamment par les auteurs grecs comme Hérodote, Strabon, Ctésias, Polybe, Élien et d'autres. Dans la Bible, le Livre d'Esdras et le Livre d'Esther contiennent aussi des références aux Grands Rois. Les auteurs anciens ont également écrit au sujet de la Perse, dans des ouvrages appelés les Persika, ouvrages dont la connaissance se limite à quelques fragments, le reste ayant été perdu. Les grands rois achéménides ont par ailleurs laissé bon nombre d'inscriptions royales, sources de renseignements sur l'activité de construction des sites et sur leur vision de l'empire. Les inscriptions livrent en effet de nombreux indices qui, mis en perspective avec le contexte historique d'époque, permettent de comprendre la volonté politique des rois et leur façon de concevoir l'exercice du pouvoir[1].
La documentation sur les Achéménides est donc en fin de compte importante et variée. Les éléments iconographiques sont nombreux, mais leur analyse pose problème car ils sont très inégalement répartis dans l'espace et dans le temps. En effet, il existe peu ou pas de documentation écrite sur certaines régions, alors que d'autres comme le Fars, la Susiane, l'Égypte, la Babylonie sont très bien documentées. De plus, si les documents sur les règnes de Cyrus II, d'Artaxerxès Ie et de Darius II abondent, il n'en est pas de même pour d'autres époqu
Le fondateur de cette dynastie serait Achéménès (en vieux-persan : Haxāmaniš, ou هخامنش en persan moderne qui signifie « d'un esprit amical »). Il s'agit d'une personne dont l'existence reste controversée (voir plus bas), chef d'un clan perse régnant probablement sur d'autres tribus perses dès le IXe siècle av. J.-C. Installés au nord de l'Iran (à proximité du lac d'Orumieh), les Achéménides sont alors tributaires des Assyriens[2].
Sous la pression des Mèdes, des Assyriens et des Urartiens, ils migrent vers le sud des monts Zagros et s'installent progressivement dans la région d'Anshan vers la fin du IIe millénaire[3]. Teispès aurait agrandi le territoire achéménide en conquérant le royaume d'Anshan et le Fars, gagnant ainsi le titre de Roi d'Anshan tandis qu'Assurbanipal prend Suse et que le royaume élamite disparaît temporairement.
Teispès est le premier roi achéménide à porter le titre de Roi (de la ville) d'Anshan. Des inscriptions révèlent que lorsque Teispès meurt, le royaume est partagé entre deux de ses fils, Cyrus Ier (Kurāsh ou Kurāš), souverain d'Anshan, et Ariaramnes (Ariyāramna, "Celui qui a amené la paix aux iraniens"), souverain de Parsumaš. Leurs fils respectifs leur succèdent : Cambyse Ier (Kambūjiya, « l'aîné ») sur le trône d'Anshan, et Arsames (Aršāma « Celui qui a une puissance héroïque ») sur Parsumaš. Ces rois n'ont qu'un rôle restreint dans la région, qui est alors dominée par les Mèdes et les Assyriens. L'existence de Cyrus et son règne sur Anshan est attestée par un sceau portant la mention Kurāš d'Anšan, fils de Teispès. Toutefois, une inscription datée de 639 mentionne le paiement d'un tribut à Assurbanipal par Kurāš de Parsumaš, ce qui suggère que le roi de Parsumaš serait le même Cyrus, unifiant les deux couronnes. Cet élément pourrait alors synchroniser les histoires persanes et assyriennes[4]. Cependant, cette interprétation est discutée, et Parsumaš, Pars et Anshan semblent devoir être distingués[3]. Après la chute du royaume assyrien, les Achéménides reconnaissent l'autorité des Mèdes. Bien qu'Hérodote ait écrit « il y avait longtemps que les Perses prenaient mal leur parti d'être commandés par les Mèdes »[5], les origines et modalités de cette sujétion restent encore inconnues.
Darius Ier est le premier à parler d' Achéménès, qu'il présente comme l'ancêtre de Cyrus le Grand (576 av. J.-C.- † 529 av. J.-C.) ; ce qui ferait de lui le fondateur de la lignée des souverains achéménides. Cependant, quelques spécialistes soutiennent qu'Achéménès est un personnage fictif utilisé par Darius usurpant le trône persan afin de légitimer son po
En 559 av. J.-C., Cyrus II dit Cyrus le Grand succède à son père Cambyse Ier sur le trône d'Anshan. Ayant également pris la succession d'Arsames (de son vivant) sur la couronne de Parsumaš, Cyrus unifie donc les deux royaumes perses et est ainsi considéré comme le premier véritable roi de la dynastie achéménide, ses prédécesseurs étant encore asservis aux Mèdes.
Entre 553 et 550, une guerre éclate entre les Mèdes et les Perses à l'issue de laquelle Cyrus II bat Astyage, roi des Mèdes et s'empare d'Ecbatane (Hagmatāna « La ville des rassemblements », l'actuelle Hamadan). Il déclare à cette occasion que les Perses, « autrefois esclaves des Mèdes, sont devenus leurs maîtres »[7]. Cyrus laisse la vie sauve à Astyage, entreprend de se conduire comme son successeur légitime. Selon Ctésias et Xénophon, il épouse Amytis, fille d'Astyage. Ecbatane reste une des résidences régulières des Grands Rois, car elle présente une importance stratégique certaine pour qui veut contrôler l'Asie centrale[8].
La prise de la Médie par les Perses est alors un bouleversement important, à l'échelle du Moyen-Orient. Le fait que Cyrus se présente comme l'héritier d'Astyage le conduit à se heurter aux puissances voisines de Lydie et de Babylone. Crésus, roi de Lydie, et beau-frère d'Astyage, « inquiet de la ruine de l'empire d'Astyage et soucieux de l'accroissement des affaires des Perses » attaque Cyrus en 547-546. Mais les Perses contre-attaquent et poursuivent Crésus jusqu'à sa capitale, Sardes, qui tombe rapidement aux mains de Cyrus. Crésus se constitue prisonnier, puis recevra finalement une ville de Médie dont les revenus le feront vivre[9].
À partir de 546, Cyrus repart d'Asie Mineure sans avoir soumis les cités ioniennes et éoliennes. En effet, le roi entreprend une nouvelle campagne, car Babylone, la Sacie, la Bactriane et l'Égypte sont menaçantes. Cette période est mal connue, mais il semble que Cyrus prenne Babylone en 539, puis soumette les Bactriens et les Saces en 540. Il est aussi possible que ce soit à cette époque que Cyrus conquiert Parthie, Drangiane, Arie, Chorasmie, Bactriane, Sogdiane, Gandhara, Scythie, Sattagydie, Arachosie, et Makran. Darius au début de son règne, présente en effet ces pays comme acquis.
Politiquement habile, Cyrus II se pose en "sauveur" d'une nation qui était en bons termes avec les Mèdes auxquels elle avait prêté allégeance. La politique générale des Achéménides s'inscrit dans la continuité de celles des Babyloniens et des Assyriens. Les populations sont encouragées à se déplacer et à se mélanger, afin de diluer toute volonté nationaliste. Cette mesure vise à pacifier les relations entre les peuples, et l'époque achéménide reste connue pour son calme relatif en comparaison avec d'autres périodes de l'histoire de l'Asie centrale.
Après la prise de Babylone, Cyrus permet aux Judéens exilés de rentrer à Jérusalem, donnant instruction à ses sujets de faciliter ce retour. Il ordonne également la reconstruction du Temple de Jérusalem. Il conquiert ensuite la Transeuphratène, et soumet les arabes de Mésopotamie. Chypre se rend d'elle-même par la suite. En revanche, on ne sait pratiquement rien des relations qu'entretenait —— à cette époque — l'empire avec d'autres régions du pays d'Ebir Nāri (Syrie, Phénicie, Palestine).
Après Cyrus, son fils Cambyse II conquiert l'Égypte en 525-522. Il s'agit alors de maintenir la puissance de l'empire et d'étendre les conquêtes vers la seule autre puissance qui compte encore dans la région[10]. Après la campagne d'Égypte, Cambyse reprend à son compte les ambitions des pharaons l'y ayant précédé. Il soumet ainsi les royaumes de Libye, de Cyrénaïque et de Nubie. Au cours de son séjour en Égypte, Cambyse semble être pris de folie, comme le laissent à penser les actes qu'il commet à cette époque : il massacre des Perses de haute distinction, viole d'anciennes sépultures, se moque de statues dans les temples égyptiens[11]. L'attaque sans préparatifs de l'Éthiopie et de l'oasis d'Ammon, qui se solde alors par des échecs, serait également à mettre sur le compte de cette démence. Contredisant la thèse expliquant le comportement de Cambyse contre son entourage en Égypte par la seule folie, l'hypothèse de l'intérêt politique est aussi avancée. Selon Briant, Cambyse prenait aussi des mesures de représailles contre des grandes familles qui se seraient opposés à ses décisions[12]. Rappelé en Perse par une rébellion contre son pouvoir, il quitte l'Égypte en 522, se blesse à la cuisse en Syrie et meurt de gangrène.
La révolte est alors menée par un groupe de prêtres ayant perdu leur pouvoir après la conquête de la Médie par Cyrus. Ces prêtres, qu'Hérodote nomme mages, usurpent le trône afin d'y placer l'un des leurs, Gautama, qui prétend être le plus jeune frère de Cambyse II, Smerdis (ou Bardiya), probablement assassiné trois années plus tôt. En raison du despotisme de Cambyse et de sa longue absence en Égypte, "le peuple entier, Perses, Mèdes, et toutes les autres nations"[13], reconnaissent cet usurpateur comme leur roi, et ce d'autant plus qu'il leur accorde une remise fiscale d'impôts ou de taxes, pour trois années.
Selon l'inscription de Behistun, Smerdis règne sept mois avant d'être renversé en 552 av. J.-C. par un membre éloigné de la branche familiale des Achéménides, Darius Ier (du vieux persan Dāryavuš, également connu sous Darayarahush ou Darius le Grand). Les "mages", bien que persécutés, continuent d'exister. L'année qui suit la mort de Gautama, ils tentent de réinstaller un second usurpateur au pouvoir : Vahyazdāta, qui se présente comme fils de Cyrus. La tentative remporte un succès transitoire puis échoue finalement.
Darius Ier le Grand
Darius Ier le Grand
Selon Hérodote, l'aristocratie locale débat alors de la meilleure forme de gouvernement pour l'Empire. Il rapporte qu'il a été évoqué que l'oligarchie les diviserait les uns contre les autres et que la démocratie provoquerait le règne de factions dont le résultat serait d'amener un chef charismatique à prendre le pouvoir, provoquant ainsi le retour à la monarchie. Par conséquent, le choix se porte alors directement sur la monarchie, étant acquis que les aristocrates sont alors en position de choisir le souverain. Darius Ier est donc choisi comme roi : cousin de Cambyse II et de Smerdis, il se réclame d'Achéménès, leur ancêtre.
Darius poursuit ensuite l'expansion de l'Empire. Il exécute Oroitès, satrape de Sardes, qui s'est rebellé vers 522-520, puis souhaite étendre sa domination aux îles de la mer Égée. Il conquiert Samos vers 520-519, puis marche sur l'Europe. Il passe le Bosphore, laisse des troupes grecques à l'embouchure du Danube (cités de l'Hellespont et de la Propontide) et marche vers la Thrace. Celle-ci revêt en effet une grande importance pour les Perses, car la province est riche en produits stratégiques : bois nécessaire aux constructions navales et métaux précieux[14].
Darius Ier s'attaque ensuite à la Grèce, qui avait soutenu les rébellions des colonies grecques alors sous son égide. En raison de sa défaite à la bataille de Marathon en 490 av. J.-C., il est forcé de restreindre les limites de son empire à l'Asie Mineure.
C'est durant le règne de Darius Ier, dès 518-516 av. J.-C., que sont construits les palais royaux de Persépolis et Suse, qui serviront de capitales aux générations suivantes des rois achéménidesXšayārša "Héros parmi les rois") succède à son père Darius vers 486-485. Des révoltes ayant éclaté en Égypte et en Grèce, Xerxès commence son règne en conduisant une expédition contre l'Égypte. Après une rapide reconquête, Xerxès marche sur la Grèce et défait les grecs aux Thermopyles. Athènes est conquise et mise à sac, le Parthénon est incendié. Athéniens et spartiates se retirent derrière leur dernières lignes de défense sur l'isthme de Corinthe et dans le golfe Saronique.
Les premières années du règne de Xerxès sont marquées par un changement de politique à l'égard des peuples conquis[15]. Au contraire de ses prédécesseurs qui respectaient les sanctuaires des peuples soumis, Xerxès fait procéder à la destruction de temples en Babylonie, à Athènes, en Bactriane et en Égypte. Les titres de Pharaon et de Roi de Babylonie sont abandonnés et les provinces réorganisées en satrapies. Les Égyptiens réussissent par deux fois à regagner leur indépendance. D'après l'étude de Manéthon, les historiens égyptiens font correspondre les périodes de domination achéménide en Égypte avec respectivement les XXVIIe (525 - 404 av. J.-C.) et XXXIe dynasties (343 - 332 av. J.-C.)
À Artémision, la bataille rendue indécise à cause d'une tempête détruisant les navires des deux camps, s'arrête prématurément à l'arrivée de la nouvelle de la défaite des Thermopyles. Les grecs décident alors de battre en retraite. Finalement, la bataille de Salamine le 28 septembre 480 av. J.-C. est remportée par les Athéniens. La perte des voies de communication maritimes avec l'Asie force Xerxès à se retirer à Sardes. L'armée avec laquelle il quitte la Grèce, placée sous le commandement de Mardonios, subit encore une défaite lors de la bataille de Platées en 479 av. J.-C. Une nouvelle défaite perse à Mycale encourage alors les cités grecques d'Asie mineure à la révolte. Ces révoltes voient la fondation de la ligue de Délos, et les défaites perses qui s'ensuivent consacrent ces pertes territoriales en mer Égée.
Carte historique de l'Empire achéménide
Carte historique de l'Empire achéménide
Néanmoins, au Ve siècle av. J.-C., les souverains achéménides règnent sur des territoires couvrant approximativement ceux des pays actuels suivants: Iran, Irak, Arménie, Afghanistan, Turquie, Bulgarie, Grèce (partie orientale), Égypte, Syrie, Pakistan (grosse partie), Jordanie, Israël, Palestine, Liban, Caucase, Asie centrale, Libye, et Arabie saoudite (partie nord). L'empire devient par la suite le plus grand du monde antique, avec un territoire couvrant approximativement 7,5 millions km².
Les défaites de Xerxès sont omises dans les inscriptions de propagande royale[16]. Certains grecs se rallient tout de même à Xerxès, comme Pausanias, commandant la flotte grecque en 478 ou Thémistocle, le vainqueur de Salamine. Ce qui permet à l'empire perse de garder bon nombre d'alliés dans les cités grecques d'Asie Mineure. À l'issue de problèmes de succession, Xerxès, qui n'avait pas désigné de successeur légitime, est assassiné, peut-être par un de ses fils[17].
Artaxerxès Ier, un des fils de Xerxès, monte sur le trône en 465 av. J.-C. Juste après sa prise de pouvoir, il fait face à une révolte en Bactriane, dont il vient à bout. Artaxerxès modifie l'étiquette de la cour et redéfinit sa hiérarchie, ce qui semble marquer la redéfinition des rapports entre le Grand Roi et l'aristocratie[18]. Il continue les travaux à Persépolis, entre 464[19] et 460-459[20], et le rôle de la capitale perse semble changer : elle est moins fréquemment occupée, au profit de Suse et Babylone. Les hypothèses suggérant un changement de rôle de Persépolis devenant alors « un sanctuaire plutôt qu'une ville » restent incertaines[21]. Après la Bactriane, c'est l'Égypte qui se soulève contre l'autorité du Grand Roi Achéménide. Diodore rapporte que la nouvelle de l'assassinat de Xerxès et les troubles qui s'ensuivent poussent les égyptiens à chasser les leveurs de tributs perses et à porter un certain Inaros au pouvoir royal (463-462). Inaros propose une alliance aux grecs, qui l'acceptent et envoient une flotte vers le Nil[22]. L'alliance entre grecs et égyptiens dure six ans (460-454). En 454, l'armée et la flotte perse libèrent les perses retranchés et assiégés à Memphis. Des inscriptions gravées en Égypte à cette époque laissent penser que seule la région du Delta du Nil s'était soulevée. Les révoltes de cette période sont révélatrices de lacunes dans la domination territoriale des perses[23]. Dans les années 450, les combats reprennent entre Athènes et la Perse. La documentation connue de l'époque ne nous permet pas de connaître les évolutions territoriales perses en Asie Mineure : seules les listes des tributs attiques et perses permettent de savoir que les positions dans cette région ont pu évoluer d'une année sur l'autre.
Artaxerxès Ier meurt à Suse, son corps est ramené à Persépolis pour être enterré auprès des sépultures de ses ancêtres. Son fils aîné, Xerxès II, seul fils légitime d'Artaxerxès, lui succède immédiatement, mais est assassiné par un de ses demi-frères, Sogdianos, quarante-cinq jours plus tard[24]. Ochos, un autre demi-frère de Xerxès, alors à Babylone, rassemble ses soutiens et marche sur la Perse. Il met l'assassin à mort et est couronné Roi des Rois sous le nom de Darius II en 423. Le déroulement de cette succession pose de nouveau un problème, Ochos et Sogdianos ayant certainement mené chacun une campagne de propagande visant à recevoir l'appui du peuple persan et ainsi démontrer la légitimité de leur accession au trône[25].
À partir du règne de Darius II, les documents retrouvés sont plutôt rares et ne renseignent que sur la situation des marches occidentales de l'empire, où les hostilités entre les cités grecques et les Perses continuent. Entre 411 et 407, les athéniens reconquièrent une partie de l'Asie Mineure, aidés en cela par les initiatives désordonnées et concurrentes des satrapes contrôlant ces régions[26].
Darius II meurt en 405-404. À l'instar de celle d'autres Grands Rois précédents, sa succession provoque de nouveau une opposition entre deux de ses fils, Arsès et Cyrus. C'est Arsès, l'aîné, qui monte sur le trône sous le nom d'Artaxerxès II en 404. Cyrus lui conteste le pouvoir et une guerre s'ensuit entre 404 et 401. Cyrus lève une armée, s'appuyant principalement sur des Perses d'Asie Mineure, mais également sur des mercenaires grecs (les « Dix Mille[27] »). Les deux frères s'affrontent à Counaxa, en Mésopotamie, en 401. Cyrus tué au cours de cette bataille, Artaxerxès II entame immédiatement un processus de relégitimation de son pouvoir royal[28]. L'Égypte profite de ces troubles pour se révolter et se soustraire à la domination perse sous la conduite d'Amyrtée.
Les satrapies et les villes d'Asie Mineure qui s'étaient rangées sur côté de Cyrus sont confiés à Tissapherne afin qu'il remette en ordre la région. Artaxerxès II compte en effet reprendre le contrôle du littoral égéen. Ceux qui refusent de se soumettre se tournent vers les grecs, et plus particulièrement Sparte, pour les aider. Agésilas II mène la campagne militaire spartiate en Asie Mineure, sans grands succès[29]. Il est rappelé à Sparte car d'autres cités grecques, dont Athènes, menacent la ville. Les Persans se retrouvent par la suite pris entre les combats des Athéniens et des Lacédémoniens qui se déroulent en Asie Mineure vers 396. Artaxerxès II doit ensuite combattre les attaques et alliances d'Évagoras de Salamine à Chypre et en Égypte, entre 391 et 387. Épuisées par les guerres continuelles, les cités grecques aspirent à la paix[30]. En 386, Artaxerxès II impose sa paix (également connue sous le nom de « paix d'Antalkidas ») aux cités grecques, qui l'acceptent toutes à l'exception de Thèbes. Le Roi a besoin de libérer ses armées pour s'occuper de l'Égypte, qui est elle aussi rentrée en rébellion. Vers 381-380, les Perses auraient subi une défaite contre les égyptiens, qui réussissent à reprendre leur indépendance[31]. Suite à cette défaite, les armées achéménides quittent l'Égypte sans réussir à reprendre le contrôle du pays. La paix de 386 avec les Grecs est confirmée à deux reprises, en 375 puis en 371.
Peu après, entre 366 et 358, l'empire connaît des troubles : des satrapes se rebellent en Cappadoce, en Carie, en Lycie, les égyptiens mènent une offensive contre les perses. Les révoltes d'Asie Mineure n'auront guère de conséquences. Conjuguées à l'échec en Égypte, ces évènements semblent montrer une certaine instabilité du pouvoir impérial et son incapacité à venir à bout des mouvements de révolte[32].
C'est au cours du règne d'Artaxerxès II que commencent à être adorés Anahita et Mithra, alors que les rois perses précédents ne citaient qu'Ahura Mazda dans leurs inscriptions. Les historiens s'interrogent toujours pour savoir si c'est une réelle nouveauté introduite par Xerxès ou si la pratique existait déjà auparavant.
Les dernières années d'Artaxerxès se déroulent parmi les complots. Le Roi avait trois fils légitimes, Darius (l'aîné), Ariaspès et Ochos, et de nombreux bâtards de ses concubines. Selon Plutarque, le Roi désigne Darius comme héritier[33]. Darius fomente un complot contre son père, est découvert, jugé et mis à mort. Ochos, par des manœuvres, déstabilise son frère Ariaspès, qui se suicide. Il supprime ensuite un autre de ses demi-frères, Arsamès. C'est dans ce contexte que le roi Artaxerxès II meurt de vieillesse en 359/358. Ce récit n'est corroboré par aucun autre auteur, et il convient plutôt de penser qu'avant la mort du roi, la cour était agitée par des complots entre factions rivales[34].Ochos monte sur le trône sous le nom d'Artaxerxès III (-358--338). Dès le début de son règne, Artaxerxès III doit faire face à des troubles: des combats opposent les alliés d'Athènes aux perses en Asie mineure, des révoltes ont lieu en Phénicie et à Chypre entre 351 et 345. L'armée perse subit également un nouvel échec en Égypte en 351. En -343 Artaxerxès III bat Nectanébo II et reconquiert l'Égypte, qui devient encore une fois une satrapie perse. En Grèce, la Macédoine commence à affronter l'empire perse sur son front occidental[35]. En -338, Philippe II de Macédoine unifie certains États grecs, les autres qui s'opposent à Philippe II comptent sur l'aide du Grand Roi. Les relations exactes sont peu connues, mais Briant dit que la « cour [du Grand Roi] était informée des opérations de Philippe II ». En cette même année 338, Artaxerxès III est empoisonné par son ministre, l'eunuque égyptien Bagoas. Il est dit que « Par ce meurtre, Bagoas détruit l'Empire perse »[36].
Arsès succède à Artaxerxès III sous le nom d'Artaxerxès IV, et est également empoisonné par Bagoas deux ans après. Bagoas aurait tué non seulement tous les enfants d'Arsès, mais aussi plusieurs autres princes locaux, sans doute des satrapes. Bagoas place alors sur le trône Darius III (-336 - -330), un cousin d'Artaxerxès III. Pour les macédoniens, Bagoas aurait porté un de ses amis esclaves au pouvoir sous le nom de Darius III[37]. Pour les Perses, Darius a été porté au pouvoir parce qu'il a fait preuve d'un courage exceptionnel lors d'un duel singulier contre les Cadusiens[38]. L'accession au trône de Darius III est entourée de violences, et des incertitudes demeurent sur les conditions d'accès au trône. Briant rapporte que Darius III était un membre de la « souche royale », présenté comme un guerrier d'élite et appuyé par une grande partie de l'aristocratie et de l'armée[39].
Darius III, bien qu'auparavant satrape d'Arménie, n'a aucune expérience impériale. Néanmoins, il prouve son courage la première année de son règne d'empereur en forçant personnellement Bagoas à avaler un poison. En -334, alors que Darius vient juste de réussir à re-soumettre l'Égypte, Alexandre attaque en Asie Mineure. En réponse à l'agression macédonienne, les satrapes de l'ouest se mobilisent et viennent à la rencontre de l'envahisseur. Darius III et plusieurs de ses satrapes font appel à des mercenaires grecs pour renforcer ses armées. Il subsiste de nombreuses interrogations sur le rôle des mercenaires grecs dans la décadence de la puissance militaire perse d'après les récits des différentes sources[40]. L'armée perse essuie alors une première défaite au Granique face aux troupes Macédoniennes aguerries à la bataille. S'ensuivent les défaites aux batailles d'Issos (-332), de Gaugamèles et de Babylone (-331). Les populations conquises par les macédoniens apparaissent plutôt soulagées de la libération du joug perse selon différents auteurs[41]. Poussant toujours plus loin, Alexandre marche ensuite sur Suse qui capitule et restitue un vaste trésor. Le conquérant se dirige alors vers l'est en direction de Persépolis qui se rend au début de -330. Darius trouve alors refuge à Ecbatane et rassemble une armée autour de lui. De Persépolis, Alexandre va ensuite vers Pasargades un peu plus au nord, où il traite avec respect la tombe de Cyrus II. Il se dirige ensuite vers Ecbatane. En chemin, des satrapes de Darius III se rendent à Alexandre devant les rapports de force défavorables. Lors de la fuite de Darius III, les satrapes les plus proches du roi semblent avoir organisé un complot autour de sa personne. Darius III est assassiné par plusieurs de ses satrapes, qui se rendent à Alexandre ou bien retournent dans leur province pour se faire proclamer roi[41]. Sur ordre d'Alexandre, les honneurs sont rendus au corps du souverain qui est acheminé vers Persépolis pour y être inhumé.
L'empire Achéménide termine avec la mort de Darius III[41]. Après la conquête et le règne d'Alexandre s'ouvre l'ère des Séleucides, dynastie issue d'un des généraux d'Alexandre le Grand, qui succèdera à celle des Achéménides.
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